Statistiques ethniques

J’ai assisté à un débat sérieux dans une émission sérieuse sur une chaîne sérieuse (Arte).

Le sujet ? Pour ou contre les statistiques ethniques. Les uns en prônaient les avantages, les autres en dénonçaient les risques.

Mais personne ne semblait se poser la question pourtant primordiale : cet objet de débat a-t-il un sens ?

Que prétend-on mesurer ? Dès qu’on essaie de caractériser « l’appartenance » à des catégories quelconques, on sent comme le concept est flou, mou, et donc à la fois inutile et dangereux.

L’apparence physique ? Un colorimètre pour mesurer le caractère plus ou moins basané ou métissé ?

La religion ? Approche bien peu républicaine, et surtout sans fondement. C’est quoi, un catholique, un musulman ? Quid de ces gens qui ne mettent les pieds à l’église que pour leur mariage et leur enterrement ? Quid de ce fils de kabyles qui me vide ma cave à vin ? Pourra-t-on encore être athée, ou agnostique, ou j’menfoutiste ?

La nationalité ? Ça, c’est rationnel, mais pas très instructif. Celle des parents ? Des grands-parents ? Combien de quartiers ? Comme pour les juifs autrefois, avec des certificats d’aryanité ?

Quand je regarde mes proches, ça confirme l’inanité de ce concept.

Des sino-franco-malgaches, des malgacho-cambodgeo-pied-noirs, des corso-vietnamiens, des camerouno-dauphinois, une fille de persans qui ne parle pas le persan, un fils de kabyle qui ne parle ni l’arabe, ni le kabyle, des marseillais qui ne soutiennent pas l’OM, …

Une fille de cambodgiens qui s’appelle Elodie…

Une autre qui a trois passeports : malgache (par sa mère), français (par son père), mexicain (par son lieu de naissance) : un truc à vous faire exploser les calculateurs d’ethnicité !

Et puis ce franco-malgache, à gueule de franco-malgache, employé par la police française pour classer ethniquement les fiches des gardés à vue à leur simple gueule…

Si, il y a un critère objectif : le nombre de contrôles policiers…. Ceux qui ont une gueule de vrai (sic !) français sont sensiblement moins contrôlés que les plus métissés. Avec des exceptions curieuses : les franco-américano-irlandais sont dans le bas des statistiques…

Le plus drôle, c’est que, né en Algérie après l’indépendance, je suis sûrement compté dans les immigrés de 1ère génération.

Un jour, j’irai narguer tous ces français nés en France qui habitent la cité de la Castellane en leur criant : « moi, je suis considéré comme immigré, la-la-lère »…

Retour à l'accueil