Rue d'Aubagne

Rue d'Aubagne, 9 jours après les premiers effondrements.

Voir sa fille, casquée, escortée de 4 pompiers pour récupérer quelques affaires…

Devant les barrières, des fleurs en mémoire des 8 victimes des immeubles d’en face.

Une tristesse d’autant plus forte que, comme elle, j’aimais cette rue. Une ballade tout autour du monde. Je m’étais fait, il y a quelques mois, une collection photographique d’enseignes : je comptais en faire un article joyeux.

Je ne sais pas si cette rue retrouvera son âme. De nouvelles fissures apparaissent.

On peut comprendre la colère qui se propage. Partout dans ces quartiers pauvres, au centre comme au nord, le sentiment d’avoir été abandonnés par nos élus.

Un vice-président du conseil régional propriétaire d’un des deux immeubles effondrés. Loin de moi l’idée de faire le travail de la justice, mais comment ne pas soupçonner de la collusion quand un immeuble à l’évidence insalubre appartient à un homme bien en vue dans le système politique local.

J’ai repensé à cette scène effarante décrite dans « la fabrique du monstre » de Philippe Pujol : des enfants dans une cité attrapent des cafards et les mettent soigneusement dans des boîtes sous l’œil approbateur de leur mère. Elle les revendra, pour quelques sous, à des salauds sans scrupules qui les lâcheront rue de la République pour hâter la déclaration d’insalubrité qui permettra de chasser les occupants indésirables avant la réhabilitation des immeubles.

La ville avait-elle la stratégie d’attendre la ruine pour mieux reconstruire ? Ou n’est-ce que le fruit du mépris ?

Faut-il remonter à la destruction du quartier du Vieux-Port par les allemands et les collabos en 1943 ? « La Revue Municipale Marseille devra, elle, démentir dans son numéro d'août 1943 la persistante rumeur de spéculation foncière qui entoure cette destruction et le plan d'aménagement dont la réalisation avait été confiée à la société immobilière créée pour l'occasion. »

Destruction du quartier du Vieux Port, janvier 1943 (source: Bundesarchiv)

Comments

[Gomar]

Il y a des choses que j'ignorais...mais ce que je savais c'est ces mondes parallèles qui se côtoient mais ne se connaissent pas..un maire qui méprise ce qu'il y a de plus beau dans sa ville..bref incompréhensible