C’est pour toucher ?

Revenant de la gare de l’Estaque en vélo, je coupe par la Castellane. Un vieux de la cité rencontré à l’hôpital de jour m’avait indiqué un passage au-dessus de la cité, vers la chaufferie. Je l’ai essayé.

Un premier guetteur sur ma gauche.

Un autre un peu plus loin, qui m’interpelle : « c’est pour toucher ? ». Je lui réponds : « Non, c’est pour faire du vélo ».

« Ah, c’est pour faire du vélo…. ». Et j’ai senti un abîme en lui : il cherchait désespérément dans ce qu’il avait retenu de sa formation accélérée de guetteur la consigne à tenir en pareille situation.

J’ai poursuivi tranquillement mon chemin. Il était samedi midi.

Mais derrière l’anecdote amusante, une redoutable évidence. Même extérieur aux cités, on se rend compte que les guetteurs font partie du paysage. Je les aperçois tous les jours en partant au boulot, cagoulés ; des gosses qui essayent d’avoir l’air méchants.

Ils deviennent même des points de repère quotidiens. Au Plan d’Aou, ils sont particulièrement visibles en hiver, quand ils font leur feu dans leur grand tonneau, au carrefour.

Lorsque j’ai eu besoin d’aller au centre social pour le loto d’une école du quartier, ma femme m’a tout simplement indiqué : c’est juste en-dessous des guetteurs, à gauche…

Le constat que la paix sociale est achetée par la complaisance face aux trafics. Malgré les cohortes de cars de CRS (j’en ai compté jusqu’à 11 certains jours) qui s’égrènent ostentatoirement sur l’avenue Barnier certains jours.

(Avenue de Bernex, derrière la Castellane : on peut être guetteur et aimer son petit confort...)

(Avenue de Bernex, derrière la Castellane : on peut être guetteur et aimer son petit confort...)

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